La saison 19-20 de la Filature de Mulhouse a débuté le 27 août, traditionnellement dans le cadre du festival Météo, la scène nationale accueillant la soirée d’ouverture au Théâtre de la Sinne. Prélude d’une saison qui s’annonce une fois encore riche et diverse, à l’heure où Monica Guillouet-Gélys s’apprête à laisser sa place à une nouvelle direction. Parmi les temps forts de cette année (Vagamondes en janvier, Quinzaine de la danse en mars…), citons un focus qui sera opéra sur la Pologne du 9 octobre au 15 novembre, en partenariat avec le festival Culturescapes Polen 2019, une belle occasion de découvrir, si ce n’est déjà fait, toute la vitalité du théâtre polonais actuel.
Cet éclairage sur la création polonaise comportera trois spectacles à la Filature, ainsi qu’un autre à découvrir à la Kaserne de Bâle, une pièce autobiographique faisant intervenir danse et performance, de Cezary Tomaszewski. Le chorégraphe nous fait part de son expérience avec la comité de conscription de l’armée, l’occasion pour le jeune artiste de mettre à mal les clichés en lien avec le(s) genre(s), et de dénoncer la rhétorique nationaliste et militaire à l’oeuvre en Pologne, sans oublier l’homophobie et la xénophobie. À Mulhouse, ce focus Pologne se consacrera principalement au théâtre, avec les 9 et 10 octobre Fantazja, l’occasion de découvrir le travail d’une jeune metteure en scène, Anna Karasińska, venu du cinéma, et qui met en lumière ici des gens ordinaires, que l’on ne voit pas sur scène grâce à un habile procédé, Anna dirigeant les acteurs en leur donnant des indications pour incarner leurs personnages, questionnant par la même occasion le pouvoir de représentation du théâtre. A noter qu’Anna mènera un atelier théâtre les 12 et 13 octobre. Infos et inscriptions Edwige Springer au 03 89 36 28 34 ou edwige.springer@lafilature.org.
Le public de la Filature retrouvera également pour la troisième fois le Nowy Teatr de Varsovie pour On s’en va, adaptation de la pièce Sur les valises d’Hanokh Levin, plongée dans un quartier populaire d’Israël, dans la vie d’habitants qui ont des envies d’ailleurs, de s’échapper de leurs existences étriquées. Dans cette « comédie en huit enterrements », on rit peut-être mais on n’oublie pas et s’immisce, en filigrane, une critique du pouvoir ultra-conservateur actuellement en place en Pologne. Enfin Janek Turkowski mêlera théâtre et performance avec Margarete, une pièce entièrement inspirée de films 8mm trouvés par hasard en 2008 par le metteur en scène. Entre enquête documentaire et théâtre performance, Margarete nous transporte dans l’ancienne Europe de l’Est, délivrant au passage une réflexion sur le souvenir et les traces que nous laissons. C’est également dans le cadre du Focus Pologne que la première exposition de la saison met à l’honneur le travail de Wiktoria Wojciechowska, autour de la guerre en Ukraine, et de Lucas Olivet, s’inspirant d’une légende polonaise pour sa série d’images.
Marc Vincent