On pourra retrouver Michaël Uras le 9 mars prochain à l’occasion du salon du livre de Baume-les-Dames, Au Fil des Mots. La veille, 8 mars, il sera également invité à 18h30 à la bibliothèque de Sancey pour parler de ses livres. En attendant, retour sur son roman La maison à droite de celle de ma grand-mère, publié en 2018.
Préludes
Giacomo, qui habite aujourd’hui à Marseille, revient sur l’île sarde où il a grandi. Traducteur – notamment d’une nouvelle version de Moby Dick remaniée par Herman Melville quelques mois avant sa mort -, le personnage principal de Michaël Uras est davantage à l’aise pour suivre le sillage des mots d’un auteur étranger, que pour cheminer sur ses propres traces ! Il faut dire que l’on annonce sa grand-mère mourante et que sur sa chère île natale, Giacomo est doublement insulaire, citadin isolé au sein de sa famille et de ses anciennes connaissances sardes, lui qui a quitté son île pour la grande ville française dans son « désir de fuite ».
Dans La maison à droite de celle de ma grand-mère, il y a donc ladite grand-mère, mais également toute une galerie de personnages attachants, qui offre à Giacomo un aller direct pour le monde de l’enfance. L’ami Fabrizio à la santé si fragile, le Dr Ignazio, médecin douteux, la mère colérique et le père davantage effacé, le « Capitaine », héros de l’enfance de Giacomo, avec ses chemises colorées à l’image des façades du petit village sarde. Car ce village niché dans la montagne est bien, lui aussi, un personnage à part entière du roman de Michaël Uras. Le « vieux village » de Sardaigne où le temps semble s’écouler au ralenti, ce qui tombe bien, car le temps qui passe est l’un des thèmes principaux du livre. Le temps qui défait toute chose, comme les peintures murales finissant par s’estomper sur les maisons sardes, même s’il semble passer moins vite ici qu’ailleurs. Pour retenir entre ses mains un peu de cette époque tout de même bénie, Giacomo se remémore ses souvenirs d’enfance, à l’image de la très attirante épouse de l’entraîneur de l’équipe de foot du village.
Michaël Uras produisait ici une belle méditation sur le fil de la vie qui se déroule irrémédiablement – un temps qui semble comme accéléré chez Fabrizio du fait de l’étrange mal faisant vieillir prématurément sa peau -. La cellule familiale y tient aussi une place centrale, les relations complexes, parfois houleuses avec les parents, les générations qui se succèdent pour le meilleur et parfois pour le pire. « Les réunions de famille sont détestables. On y voit tous les vices de l’humanité », confie Giacomo. Et s’il faut bien que la gloire s’arrête un jour comme le dit le Capitaine, si le temps peut se montrer « cruel avec les hommes », La maison à droite de celle de ma grand-mère demeure pourtant un roman lumineux. Rien n’est tout à fait blanc ni tout à fait noir dans la vie et Giacomo semble vouloir considérer cette dernière du bon côté malgré les épreuves – dont une particulièrement douloureuse, que le narrateur évoque avec beaucoup de pudeur -, un peu comme son île natale qui est comme « un boulet au pied et une bouteille d’oxygène ». Finaliste du Prix Marcel Aymé 2017, Michaël Uras livrait l’an dernier un roman tissé d’histoires simples, d’anecdotes qui finissent par composer l’existence du narrateur, que l’on suit avec plaisir à travers les méandres d’une vie qui pourrait ressembler aux nôtres.
Retrouvez Michaël Uras en compagnie d’une vingtaines d’autres auteur-e-s au salon du livre de Baume-les-Dames, Au Fil des Mots, à l’abbaye, 9 mars 2019 de 10h à 18h – Entrée libre
Et le 8 mars à 18h30 à la bibliothèque de Sancey