MA&Granit – Julia Kent et Retour à Reims

Parmi les nombreux rendez-vous proposés par les deux scènes nationales de l’Aire urbaine cette saison, le Granit et MA, citons le 5 mars la venue de la violoncelliste canadienne Julia Kent, qui viendra présenter à Montbéliard son dernier album en date, tandis que Thomas Ostermeier adaptera fin mars l’essai de Didier Eribon, Retour à Reims. Dans la pièce on retrouvera Irène Jacob, qui était déjà venue sur l’Aire urbaine la saison dernière à l’occasion de VxH, mis en scène par Roland Auzet.

Julia Kent - Photo :  PEPE Fotografia

Julia Kent – Photo : PEPE Fotografia

Julia Kent est notamment connue pour faire partie du groupe Antony and the Johnsons, menant également une carrière solo depuis 2007 et l’album Delay, qui s’inspirait de l’atmosphère si particulière des aéroports et des voyages. On retrouve également son violoncelle enchanteur sur les albums de nombreux artistes tels Devendra Banhart, Martha Wainwright, composant aussi pour la danse, le théâtre et le cinéma. Pour ses projets personnels, l’artiste se présente seule en scène, travaillant des boucles de violoncelles pour sculpter ses morceaux, les agrémentant de couleurs électro. Son dernier album en date, sorti en janvier, se nomme Temporal, dont les musiques tirent principalement leur origine de productions pour le théâtre et la danse, des compositions « qui semblaient toutes provenir d’un même univers émotionnel, et qu’il semblait pertinent de réunir sur un album » explique l’artiste. Parallèlement à son violoncelle, Julia adjoint là encore des textures sonores méticuleusement arrangées. Comparé au précédent opus Asperities de 2015, Temporal apparait moins rugueux, plus apaisé.

Retour à Rems - Photo :  Richard Schroeder

Retour à Rems – Photo : Richard Schroeder

On retrouvera ensuite les 28 et 29 mars le metteur en scène Thomas Ostermeier qui présentera son adaptation de l’essai autobiographique de Didier Eribon, Retour à Reims, pour la première fois en version française après des adaptations en allemand et en anglais. Dans Retour à Reims, le sociologue et philosophe parlait en 2009 de son milieu ouvrier d’origine. L’occasion pour ce dernier d’évoquer cette classe, qui par le passé votait traditionnellement communiste, se tournant désormais de plus en plus souvent vers l’extrême-droite. La peur du déclassement, les sociétés néo-libérales, sont des thèmes d’actualité qui sont également évoqués dans Retour à Reims. Pour adapter ce texte à la scène, Thomas Ostermeier a choisi la forme du documentaire, un documentaire en train de se faire puisqu’une comédienne, interprétée par Irène Jacob, enregistre son commentaire en voix-off. Il s’agit d’un reportage qui voit Didier Eribon revenir à Reims sur les lieux de son enfance, mais aussi à Paris. Le texte partage donc la scène avec la vidéo et des dialogues entre le réalisateur – joué par Cédric Eeckhout – et la comédienne. Retour à Reims est aussi une réflexion sur ce que peut être un art engagé aujourd’hui.

– Paul Sobrin –

Julia Kent, Les Bains Douches, Montbéliard, 5 mars à 20h, Retour à Reims, Le Granit, Belfort, 28 et 29 mars à 20h
http://www.magranit.org/

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