THRILLER (NOUVELLE)
Sonatine
« Quelqu’un vous ment. On dirait que vous allez devoir choisir à quelle histoire vous accordez votre foi. Qu’est-ce qui vous rassurerait le plus ? » Telle est la quatrième de couverture de cette nouvelle de Gillian Flynn, désormais célèbre grâce à l’adaptation de son roman Les apparences, devenu Gone Girl grâce au génie de David Fincher. Hélas, toutes les adaptations ne se valant pas, celle des Lieux sombres en Dark places aurait pu laisser douter du génie de cette auteure.
Cette nouvelle (60 pages) parue aux excellentes éditions Sonatine montre une fois de plus le génie de cette maîtresse de la manipulation et de la narration. Dès les premières pages, on se sent happé par le personnage de la narratrice qui effectue manuellement des services à la personne, pour user d’une métaphore pudique. Après avoir manipulé le corps des hommes, elle s’essaie à la manipulation mentale, s’autoproclamant vaguement voyante : « L’allusion à l’insomnie était toujours risquée mais, en général, payante. Dans l’ensemble, les gens qui souffrent ne dorment pas bien. Les insomniaques sont extrêmement reconnaissants envers les gens qui font preuve de compréhension à l’égard de leur faiblesse. »
Cette activité mettra sur sa route une femme, une famille qui se sent possédée, et là, le lecteur se perdra lentement mais sûrement : qui manipule qui ? La narratrice qui ne se montre, au départ, pas dupe de cette famille ? La mère de famille qui se méfie de l’aura de sa maison, à moins que ce ne soit celle de son beau-fils ? Ou encore cet adolescent qui met vite mal à l’aise, sachant parfaitement tirer les ficelles de cette comédie… Gillian Flynn joue parfaitement la partition du doute et de la paranoïa. Impossible de s’en sortir sans se poser une multitude de questions…
Lucie Brownie