Gaël Faye – Jacaranda


ROMAN

Grasset

Parution le 14 août 2024

Huit ans après Petit Pays, qui se focalisait sur la guerre civile au Burundi, Gaël Faye porte cette fois la lumière sur les massacres commis dans le pays voisin du Rwanda, davantage médiatisés à l’époque. Deux nations aux histoires tragiquement liées.

Gaël Faye - Les caractériels - Grasset - Chronique dans le magazine Diversions

Un jour, Milan voit arriver à la maison un jeune garçon rescapé des massacres au Rwanda. Nous sommes en 1994 et l’ado fan de Nirvana se découvre un substitut de petit frère chez Claude. Ce dernier appartient à la famille de sa mère, rwandaise d’origine. La « porte close » qu’est le passé maternel s’ouvre finalement à Milan qui n’aura de cesse, au fil des décennies, d’en apprendre plus sur l’histoire du Rwanda. Il va s’y rendre pour découvrir « cette barbarie lointaine », quitte à prendre lui-même des risques en se mêlant à la population rwandaise. Il faut dire que même si les années ont passé, les blessures des massacres perpétrés par les Hutus sur les Tutsis sont encore béantes au début des années 2000. La jeune Stella, perchée sur son jacaranda, grand arbre tropical, accueille en elle le traumatisme qu’a subi sa famille, même si elle n’était pas née à l’époque. Gaël Faye explore ainsi le mécanisme implacable de la violence et de la vengeance, remontant bien avant l’année du massacre d’avril à juillet 1994. Il faut dire que les racines du mal sont profondes et ont trait à la colonisation belge, à la religion…

Le roman évoque aussi « le trouble des origines » que ressent Milan (l’auteur étant lui-même issu de deux cultures), des racines s’étendant de la côte atlantique française au Rwanda. Au pays, Milan est considéré par les Rwandais comme un « muzungu », un blanc… Jacaranda expose aussi l’après : la lente reconstruction, une nouvelle classe politique pas toujours à la hauteur des enjeux et la corruption jamais loin. Le Rwanda a pourtant changé comme l’illustre sa capitale Kigali, propre, sûre, même si la colère est tapie, prête à ressurgir. Les juridictions populaires sont créées pour juger les crimes du génocide, parfois des décennies plus tard. Des procès pour punir les coupables et servir de catharsis, moyen aussi de faire œuvre de mémoire.

Marc Vincent

Retrouvez Gaël Faye à l’édition 2024 de Livres dans la Boucle

Livres dans la Boucle 2024 dans le Grand Besançon

 

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