Reportage de Diversions à la galerie La Source le 13 novembre 2017
Article publié à l’origine dans l’édition de novembre 2017 du journal Diversions – consulter le PDF ici –
La galerie La Source de Fontaine-lès-Dijon accueillera respectivement en novembre et décembre deux artistes aux univers très différents, fortement marqués, pour Alain Badier, par l’esthétique chorégraphique, et pour Philippe Simonnet par celle de la nature qui reprend le pouvoir sur le monde industriel.
Pour Alain Badier, pratiques de la danse et de la photographie sont inséparables. C’est dans les années 70 qu’il découvre la danse, et tout naturellement qu’il y mêle sa pratique de la photographie, retrouvant sur les bords de scènes de nombreuses compagnies de danse – que l’on appelait à l’époque moderne et non contemporaine ! -. La plupart du temps, Alain participe également aux ateliers menés par les compagnies qu’il suit. Depuis quelques années, on peut le rencontrer sur les plateaux à l’occasion du festival Art Danse. À Fontaine-lès-Dijon, il présentera notamment des images du travail préliminaire à une nouvelle création à découvrir lors du festival 2018, menée par Brigitte Asselineau. D’autres séries seront visibles à La Source, réalisées auprès de diverses compagnies, des travaux de danseurs amateurs ou professionnels. Qu’elles soient réalisées dans un but documentaire, images dans lesquelles les chorégraphes vont retrouver leur intention, le geste voulu dans leurs créations, ou davantage artistiques, interprétations très personnelles de la part d’Alain, les photographies à découvrir à Fontaine-lès-Dijon proposent en tous les cas une immersion dans l’univers chorégraphique. « Dans les photographies que je fais pour moi, je traduis le mouvement qui devient le déplacement d’un corps dans l’espace », explique Alain à qui il arrive d’ailleurs de déclencher son appareil alors même qu’il prend part aux stages de danse. À Fontaine-lès-Dijon, le photographe danseur présentera également des œuvres plastiques plus récentes, quelques volumes ainsi que de la peinture, qu’il pratique depuis trois ans, une autre manière pour lui de traduire le mouvement dansé auquel il est si attaché.
Philippe Simonnet
Le sculpteur présentera à La Source une trentaine de pièces, réalisées à partir de matériaux de récupération. L’artiste s’intéresse aux vestiges industriels attaqués par la rouille. L’origine de cette passion, il faut la chercher dans son enfance qu’il passe dans l’Yonne. « Je ramassais des silex taillés quand j’étais petit. Le métal rouillé me fascinait, m’appelait ». Un matériau de base que Philippe assemble, soude, pour mettre au point ses créations. Ce dernier confectionne notamment des pièces figuratives, bancs, silhouettes anthropomorphiques (le « Petit Peuple ») mais aussi des plantes dont il reproduit les formes en employant la matière même qui a contribué à leur péril : le fer. Le sculpteur parle en effet de « terribles machines » lorsqu’il évoque l’industrie, et compte bien investir les salles d’exposition avec son cerisier, son pommier et ses algues. Des plantes comme des victoires face à l’avancée industrielle qui a souvent coûté cher à la planète, comme l’évoque Pluies acides. « C’est un peu un retour à la nature. Le métal provient du minerai dans le sol et finit par retourner à la couleur de la terre », explique Philippe. Ce dernier tient d’ailleurs à conserver la couleur de la rouille, qui résulte d’un amoncellement de poussière. Il utilise seulement une brosse métallique pour conférer à ses pièces un aspect brillant qu’il apprécie. Citons encore une feuille de saule, qui est aussi un clin d’œil, dans sa forme, aux pointes de lances mises à jour par les archéologues. Car avant l’assemblage et la soudure, il y a un conséquent travail de recherche pour dénicher les pièces en métal. L’artiste nous confie enfin qu’il s’éloigne désormais des formes figuratives pour évoluer vers un art brut, singulier. Une œuvre à découvrir à Fontaine-lès-Dijon.
– Dominique Demangeot –
Expositions à la galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon : Alain Badier, du 4 au 26 novembre, Philippe Simonnet, du 2 au 24 décembre
www.fontainelesdijon.fr