Eleonora Antonioni – Les cinq vies de Lee Miller

BANDE DESSINÉE

Steinkis

L’auteure et illustratrice italienne Eleonora Antonioni s’est penchée sur le destin hors du commun d’Elizabeth Miller, issue d’une famille aisée de Poughkeepsie dans l’État de New York. D’abord modèle de son père, avant de poser pour de grands photographes, sa vie prend un tournant décisif durant la Seconde guerre mondiale quand elle découvre l’horreur des camps de concentration.

Eleonora Antonioni - Les cinq vies de Lee Miller - Steinkis - Chronique de la bande dessinée

L’album d’Eleonora Antonioni nous fait découvrir l’existence trépidante de Lee Miller (1907-1977). « Je veux tout connaître, je veux tout essayer », lance-t-elle à Edward Steichen, l’un des photographes les plus en vue des magazines Vanity Fair et Vogue. Les cinq vies de Lee Miller retrace le destin d’une femme déterminée à suivre sa voie toute personnelle et ses propres choix. Dès l’enfance, cette petite « sauvageonne » de Lee tient tête à ses frères, un caractère affirmé qu’elle conservera plus tard. La bande dessinée nous ramène notamment à l’époque glorieuse des années 20, au temps des « flappers », ces « garçonnes » rebelles au patriarcat, pionnières du féminisme. Dans la première partie de sa vie d’adulte, Lee Miller est une femme libre, imprévisible et qui fait confiance à ses impulsions, avide de « passions fortes »… au grand dam de ceux qui voudront partager sa vie !

On suit Lee Miller à travers ses périples dans le Paris des années folles, au Caire, à New York où sa rencontre avec Condé Nast, puissant éditeur de presse, fait de la jeune femme un modèle en vue. Elle devient le nouveau visage de Vogue, rencontre Man Ray, très vite subjugué par sa beauté mystérieuse et qui l’initie également à la pratique de la photographie. Les cinq vies de Lee Miller est aussi une plongée dans une communauté artistique, parfois exubérante, où l’on croise Picasso, Ernst, Eluard et d’autres artistes. Mais la photographie de mode et son côté superficiel, puis le surréalisme, vont laisser la place au reportage de guerre, lorsque Lee Miller découvre les horreurs du nazisme. Dès lors sa vie va changer du tout au tout, pour laisser la place à un personnage plus grave. Après notamment un très bel album sur Simon Veil, les éditions Steinkis poursuivent leur exploration de parcours de personnalités qui firent progresser la cause féministe.

Manu Gilles



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