Eugénie Ravon et Kevin Keiss, auteur associé au TDB, se sont penchés sur nos émotions et leur mécanique. Ces affects, que nous présupposons comme intimes et personnels, pourraient-ils être régis au contraire par des universaux ou des déterminismes sociaux ?
La metteuse en scène est partie de son expérience personnelle pour porter au plateau ce sujet qui nous concerne pourtant tous et toutes. Aux côtés de six acteurs et actrices de générations différentes, Eugénie Ravon et Kevin Keiss ont mené l’enquête. « Au point de départ, il y a une expérience intime : un accident vasculaire cérébral à la naissance de ma fille », explique Eugénie Ravon. « Cette expérience entre la vie et la mort, partagée entre la joie la plus intense et l’angoisse la plus terrible a constitué un télescopage émotionnel très puissant. » Point de départ d’une recherche sur des étapes clés de l’existence (séparation, deuil…), des instants où la raison peut parfois céder et s’affranchir des règles sociales, voire morales. Sur cette expérience intime est venue se greffer l’écriture du dramaturge Kevin Keiss « à rebours des injonctions médiatiques ».
À l’heure du multimédia et des réseaux sociaux, la pièce suggère que nos émotions peuvent être manipulées, suscitées. L’occasion pour Kevin Keiss de poursuivre son travail autour de ce qu’il nomme « écritures du réel » entre lyrisme et prosaïsme. Un mur en fond de scène matérialise tour à tour une chambre d’hôpital, un laboratoire, un sauna… Une cloison qui pourra être déstructurée, escaladée, et figurer l’espace mental des personnages. Citons encore parmi les acteurs Philippe Gouin, multi-instrumentiste, ainsi que la créatrice sonore Colombine Jacquemont, qui ajouteront d’autres engrenages à cette mécanique des émotions.
– Dominique Demangeot –
La Mécanique des émotions, Dijon, Théâtre Dijon Bourgogne, du 21 au 25 février – tdb-cdn.com