Le Collectif 7′ se penchait en 2021 sur le célèbre roman de Flaubert écrit en 1857, l’histoire d’une jeune femme qui s’est inventé un monde romantique (appréhendé dans les livres) pour échapper à sa morne existence en Normandie.
La compagnie dijonnaise porte au plateau l’adaptation du dramaturge portugais Tiago Rodrigues, qui s’est basé non pas sur la trame du roman mais sur le procès intenté à Flaubert pour « immoralisme, apologie de l’adultère, atteinte aux mœurs et à la religion. » Lorsqu’il parait, Madame Bovary est en effet l’objet d’un scandale retentissant, dépeignant l’adultère au sein d’une société encore très contrainte par la morale. « Mais elle rêve surtout de savoir qui elle est, de vivre sa vie », explique la metteuse en scène Élisabeth Barbazin. « Mais le bonheur n’est pas comme dans les livres. »
La pièce baptisée Bovary adopte donc la forme d’un procès, le romancier ayant pris soin de faire consigner ce dernier pour la postérité. Les personnages du roman sont alors appelés à la barre du tribunal pour témoigner. « Ce qui vous gêne, Madame Pinard, ce n’est pas le livre », plaide l’avocat de Flaubert dans la pièce, « mais la femme qui s’y trouve et qui n’accepte pas de se résigner à sa condition, à sa naissance et à sa situation. » Au-delà de la situation d’Emma Bovary, cette relecture de Tiago Rodrigues évoque également la censure, un thème que le metteur en scène avait déjà traité il y a dix ans dans Trois Doigts sous le genou, à propos de la dictature de Salazar au Portugal. Le procès public pour immoralité que subit Flaubert était donc un beau sujet pour lui. « Un art qui ne montre que ce qui est bon, voilà ce qui est véritablement immoral », lance l’avocat de Flaubert qui veut conserver à la fiction le pouvoir de dénoncer.
– Paul Sobrin –
Bovary, Chenôve, Le Cèdre, 7 et 8 mars à 20h – cedre.ville-chenove.fr