ROMAN
L’Iconoclaste
Parution le 19 août
Direction le Jura et le XIXe siècle avec le huitième roman de Cécile Coulon qui nous transporte au sein d’une riche famille de Franche-Comté. Après la mort de son épouse Aleth, le jeune héritier de la fortune des Marchère s’apprête à accueillir sa deuxième femme. Si Aimée s’accommode dans un premier temps de ce mariage arrangé, très vite elle s’interroge sur les circonstances de la mort d’Aleth.
Candre, archétype du héros romantique, « si pâle et si maigre », pense Aimée, pique tout d’abord la curiosité de la jeune femme. Mais entre les époux, une distance va peu à peu s’instaurer. Il faut dire que l’environnement austère du domaine Marchère semble avoir déteint sur le jeune homme qui semble préférer la nature à ses semblables. Après Une bête au paradis (L’Iconoclaste, 2019), Cécile Coulon renoue avec le roman de terroir, y ajoutant une touche de gothique et faisant du domaine des Marchère, avec son imposante (voire inquiétante) maison familiale, un personnage à part entière.
Le mariage dans lequel s’est engagée Aimée semble se refermer sur elle comme une « cage de sapins et de terre ». L’institution est en effet dépeinte dans le roman comme un enfermement, avec ses règles strictes, et aucune place n’est laissée à la fantaisie ou l’improvisation, à l’image du devoir conjugal… qui porte bien son nom. Au XIXe siècle, la société est encore très corsetée par les traditions, d’autant que Cécile Coulon évoque également l’emprise, légale et financière, du mari sur sa femme : « il était maître des lieux, maître du corps des autres ». Et Aimée ne peut pas compter sur la nature environnante pour lui apporter un peu de réconfort. Cette dernière, dépeinte d’ordinaire comme un lieu de liberté, est ici présentée sous un jour tout autre, semblant parfois même hostile. La liberté, Aimée va cependant l’approcher lors de ses cours de musique, expérimentant alors « des pulsions nouvelles » auprès d’une jeune professeure. Seule en sa demeure prend alors des allures de roman initiatique, et son rythme qui s’accélère dissipe quelque peu la torpeur malsaine qui étreint la jeune héroïne.
Marc Vincent