Depuis le 9 avril, une nouvelle exposition se tient à l’Espace multimédia Gantner de Bourogne, mêlant art cinétique, op art (art optique) et création contemporaine. Les huit artistes conviés dans le Territoire de Belfort, venus de France et d’ailleurs, travaillent autour du rayonnement lumineux, agençant plusieurs variables telles que l’espace, le mouvement ou encore la position du visiteur pour influencer – et parfois tromper – nos perceptions.
L’exposition explore notamment le phénomène de l’iridescence, comme dans l’installation de Natalia de Mello, Fragments d’arc-en-ciel, à découvrir en extérieur devant l’Espace multimédia Gantner, sculptures d’acier recouvertes de peinture holographique iridescente. Lorsqu’elles sont touchées par les rayons du soleil, les parties peintes font apparaître la couleur à certains moments. Ce phénomène éphémère bien connu s’observe aussi sur les bulles de savon, créées mécaniquement par Verena Friedrich avec son dispositif baptisé The Long Now. Lancée dans une chambre à atmosphère contrôlée, la bulle est maintenue en suspension aussi longtemps que possible par la machine. On retrouve la matière du savon avec Iris d’Hernan Zambrano, avec là encore une notion de fragilité, tandis que la place du spectateur et la lumière jouent également un grand rôle dans la perception de l’œuvre. Dans cette installation participative, c’est en effet le spectateur lui-même qui crée un film de savon en se plaçant face au dispositif, une solution savonneuse descendant le long de deux fils. L’utilisateur sépare ces derniers au moyen de manettes accrochées de chaque côté de la structure, pour former un film de savon aux effets à chaque fois uniques selon l’utilisateur et son positionnement.
Les artistes mettent à profit le mouvement comme Flavien Théry qui, avec Le Blanc n’existe pas, emploie des flashs stroboscopiques pour faire surgir la couleur d’un cercle mi-noir mi-transparent. « Pourtant ces nuances n’ont pas plus d’existence objective que le blanc lumineux que nous percevons », souligne le commissaire de l’exposition Mathieu Vabre. « Ces impressions résident à l’intérieur de nos cerveaux, tandis que la réalité physique se résume à une succession régulière d’éclairs rouges, verts, et bleus, nettement séparés dans le temps… ». Avec son installation Magenta, Alistair McClymont évoque une couleur absente du spectre, mais que notre cerveau « invente » en combinant deux longueurs d’onde de la lumière. Illusion là encore.
– Paul Sobrin –
Irisations, Bourogne, Espace multimédia Gantner, du 9 avril au 16 juillet
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