Après une « intersaison » bien remplie comme à son habitude (avec notamment l’Orchestre des Jeunes fin août, les Ouvertures musicales avec MA scène nationale ou encore la participation au Festival de musique de Besançon), l’Orchestre Victor Hugo propose cet automne, en octobre et novembre, deux rendez-vous concerts, tour à tour romantique et fantastique. Rien que ça.
Le 20 octobre, Les 2 Scènes accueilleront au Théâtre Ledoux le chef Bertrand de Billy, à qui Jean-François Verdier a confié la baguette pour diriger un programme mettant en lumière la Symphonie n°4 d’Anton Bruckner. L’œuvre, baptisée « Romantique » par le maître lui-même, en mi bémol majeur, est sans conteste la plus connue des symphonies du compositeur autrichien, toute à la gloire de la nature et de la forêt en particulier. Achevée en 1874, révisée et augmentée d’un nouveau final en 1880 avant d’être retouchée un an après, cette œuvre grandiose débute sur des nappes de cordes figurant le souffle du vent, tandis que cor et bois sonnent doucement le début du jour. Partout la nature abonde, dans la deuxième partie où cordes et vents évoquent un « chant de la mésange charbonnière » comme l’écrira Bruckner lui-même, tandis que plus loin, au troisième mouvement, c’est la chasse qui sera dépeinte lors d’un scherzo haletant (logiquement cuivré) en si bémol majeur. Ailleurs, Anton Bruckner ajoutera plusieurs annotations telles que « ville médiévale » ou encore « chevaliers se lançant au dehors sur de fiers chevaux ».
Le 18 novembre, toujours au Théâtre Ledoux de Besançon, le Victor Hugo rendra hommage à des poètes français dont les textes ont été mis en musique. L’orchestre retrouvera pour l’occasion la soprano internationale Sandrine Piau, venue il y a trois ans interpréter le beau programme Les Derniers Romantiques. Elle poursuivra l’aventure en studio pour enregistrer une suite à l’album Clair Obscur. De Berlioz, on pourra écouter Le Spectre de la rose, tiré des Nuits d’été, sur un poème de Théophile Gautier, variation sur la brièveté de l’existence. On entendra également de Berlioz la fameuse Symphonie fantastique, sa première, dont il est aussi l’auteur du texte accompagnant la partition. Sous-titrée « Épisode de la vie d’un artiste », l’œuvre affirme une certaine filiation avec le personnage de René de Chateaubriand (excusez du peu). Elle sera donc passionnée et romantique, inspirée par Gluck, Weber mais aussi par les pièces de Shakespeare. C’est à l’âge de 14 ans que Britten composa Quatre Chansons françaises, dédiées à ses parents sur des poèmes de Victor Hugo et Paul Verlaine, pièces inspirées notamment par la musique française et Debussy en particulier. On pourra également entendre deux œuvres d’Henri Duparc, L’Invitation au voyage sur un poème de Charles Baudelaire qu’il compose à l’âge de 22 ans, alors que le siège de Paris fait rage en 1870, ainsi que Chanson triste, poème de Jean Lahor, œuvre de jeunesse là encore. Dans ces deux pièces on distingue déjà ses grands thèmes : désir et douleur, deux sentiments indissociables chez lui, et le rêve pour tenter d’échapper à une mélancolie très présente, qui le poussera d’ailleurs à mettre fin prématurément à sa carrière de musicien à l’âge de 37 ans. Notons que ce concert sera également donné le 24 novembre à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds en Suisse.
– Dominique Demangeot –
Chevauchée romantique, Besançon, Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes),
20 octobre à 20h
Poètes fantastiques, Besançon, Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes), 18 novembre à 20h
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