ROMAN
Le Mot et le Reste
Parution le 27 octobre 2022
Une info lâchée le jour de Noël 1971 éclipse toutes les autres (naissance du Christ comprise). Les Beatles, deux ans après leur séparation, se reforment. Pour son premier roman, Arnaud Hudelot imagine que les quatre garçons dans le vent souhaitent passer outre leurs différends pour repartir sur les routes.
De temps à autre, les romanciers aiment à changer l’histoire, imaginer ce qu’il se serait passé si… Dans One Upon A Time in Hollywood, Quentin Tarantino inventait ainsi un destin moins funeste à Sharon Tate. Avec The Beatles are back !, Arnaud Hudelot fait toucher du doigt aux fans de pop leur rêve ultime : la reformation du groupe. C’est un Paul McCartney fou de rage qui découvre les premiers pressages de l’album Let It Be, dont l’enregistrement fut pour le moins chaotique, un résultat qui ne le satisfait guère. « Ils n’étaient plus un groupe, ils étaient devenus une marque », pense le musicien. Dans la vraie vie, les choses en sont restées là. Pour Arnaud Hudelot, McCartney n’en peut plus de se morfondre dans son exil écossais, pensant que les individualités des Beatles valent moins que la somme des quatre. Macca décide alors de partir remotiver ses trois camarades.
Au cœur du livre, il y a la relation tumultueuse entre Lennon et McCartney, qui rappelle fortement le duo Jagger-Richards. On croise d’ailleurs également les Stones dans le roman, et quelques faits marquants du début des seventies, à l’image des noces en grande pompe de Mick Jagger et Bianca à Saint-Tropez. Les amateurs d’histoire musicale en auront pour leur argent, et les anecdotes, plus ou moins détournées, sont nombreuses, de l’enclume que l’on peut entendre sur Maxwell’s Silver Hammer à l’histoire de la pochette d’Abbey Road (le fameux passage piétons). Arnaud Hudelot nous replonge aussi dans l’ambiance survoltée (et poudrée) du début des années 70, alors que le mythe hippie est bel et bien enterré. On croise Keith Moon, Eric Clapton, Mick Taylor, et si le postulat de départ est pour le moins osé, on se laisse prendre à cette fiction bien menée, une occasion supplémentaire de mesurer la grosse machine que furent les Beatles. Le roman tente alors de répondre à quelques grandes questions: qu’aurait donné un concert des Beatles avec les progrès de la sonorisation ? Les quatre musiciens auraient-ils pu surmonter leurs problèmes de droits et d’egos ? Quelle setlist proposer pour un tel événement ? La sauce prend finalement et difficile de refermer le livre avant de savoir ce qu’il adviendra de cette utopique « Beatlemania 2.0 ».
Dominique Demangeot