Filles & Soie pour toutes et tous – Rencontre avec Séverine Coulon

Séverine Coulon présente une nouvelle version de sa pièce de 2016 Filles & Soie, recréation « pour toutes et tous » s’adressant à un large public, y compris les spectateurs et spectatrices en situations de handicap. Plusieurs dispositifs inclusifs ont été conçus à cette occasion. Diversions a rencontré la metteuse en scène qui nous présente la pièce et les outils imaginés à destination des publics. 

Rencontre avec Séverine Coulon, metteuse en  scène et fondatrice de la cie Les Bas Bleus, directrice artistique et générale de La Minoterie à Dijon.

Pouvez-vous nous présenter la pièce et l’ouvrage qui l’a inspirée ?
Filles et soie pour toutes et tous, c’est un spectacle qui s’inspire d’un album de Louise Duneton qui s’appelle Les Trois Contes, et Louise s’est elle-même inspirée de trois contes traditionnels : Blanche Neige, Peau d’âne et La Petite Sirène. Elle a pris le point de vue féministe de ces contes, par exemple Blanche Neige, quelle relation elle avait avec sa belle-mère. On a à la fois des images qui viennent de l’album, mais aussi un parti pris global sur la question : comment les femmes acceptent les injonctions sociales faites à leur propre corps, et comment on se débat avec tout ça.

Photo : Fabio Falzone

 

À qui s’adresse la pièce ?
J’avais envie de dire tout simplement aux petites filles, mais aussi aux garçons qui les accompagnent, à tout le monde : « Arrêtez de perdre du temps avec ça, vous avez des choses bien plus intéressantes à faire ! »

Maquette tactile – Photo : Diversions

D’ailleurs Filles & Soie pour toutes et tous, comme son titre l’indique, s’adresse à un public particulièrement large…
On l’a choisi en accessibilité universelle, adapter le spectacle pour qu’il soit accessible à tout le monde. Dans sa forme initiale, il ne l’était pas totalement donc on a intégré une comédienne en langues des signes française. On a pensé aussi certains éléments, modifié la composition notamment pour les publics malvoyants et non-voyants, et aussi une affiche tactile avant le spectacle, une maquette du décor pour désangoisser certaines personnes qui ont des troubles, qui pourraient être inquiètes à l’idée de rentrer dans une salle de spectacle. Et puis on allège les codes du spectacle : on peut rentrer, sortir si besoin, on n’est pas obligé de rester absolument assis, on peut avoir des réactions bruyantes, tout va bien… L’idée est d’ouvrir à tout le monde !

Des aspects de la pièce ont-ils été repensés ?
Le rôle de la comédienne solo a été repensé parce que l’idée n’était pas d’avoir une traductrice à côté du spectacle. L’idée est d’avoir un nouveau personnage qui s’intègre dans la mise en scène. Il y avait déjà dans la première version une voix off, une sorte de conscience, de dualité dans le personnage qui était à deux endroits. On s’est glissé dans cette écriture, dans cette dramaturgie pour intégrer la comédienne en langue des signes françaises. Cette version en langue des signes française résout même des petits problèmes. Parfois on n’avait pas le temps, il y avait des silences, des blancs donc ça ajoute énormément, c’est extrêmement plaisant à regarder, à suivre, ça ajoute en expression, en émotion. C’est vraiment un travail passionnant où on s’éclate !

La langue des signes en elle-même vous a-t-elle inspirée ?
Il y a des choses qui sont très inspirantes dans la langue des signes française, c’est une langue magnifique et puis les comédiennes ont une facilité d’expression puisque c’est leur langue maternelle, par le corps, dans les expressions du visage qui apportent beaucoup au travail de jeu au théâtre…

Rencontre avec Anne Chevalme, médiatrice spécialisée sur les situations de handicap et interprète LSF

Quel est votre rôle dans le cadre de la recréation de Filles & Soie pour toutes et tous ?
Je suis chargée de faire le lien entre la compagnie et les structures qui accueillent le spectacle. Je serai présente sur toutes les dates de la tournée pour assurer l’accueil de tous les publics en français, en langue des signes, en tenant compte de leurs besoins spécifiques.

Quels sont les outils de communication et de médiation qui ont été élaborés ?
Pour inviter les publics sourds à venir, il y a une vidéo de présentation en langue des signes sous-titrée. Dans les outils de médiation présents dans les salles en amont et sur place le jour de la représentation, il y a une maquette et une affiche tactiles qui ont été réalisées par l’association Les Doigts qui rêvent. Ces outils sont pensés en direction d’un public qu’on nomme en situation de handicap, mais pour moi ce sont des outils de médiation qui permettent d’avoir une approche sensorielle, qui permettent à toutes et à tous de s’en emparer.

Anne Chevalme nous présente le casque anti-bruit – Photo : Diversions

 

Quel est l’état de l’inclusion en France en matière de spectacle vivant ?
C’est en évolution. J’ai créé une structure en 2012 (1.2.3 Cité Cap, NDLR), c’étaient les prémices, ça évolue en fonction des équipes, des lieux, si on a une équipe motivée par cette envie de faire évoluer les choses, de la création jusqu’à l’accueil des publics. On peut dire qu’il y a des avancées et il y a encore beaucoup de choses à faire !

Photo : Diversions

Pouvez-vous nous présenter les objets mis à disposition du public ?
Certains enfants, certaines personnes ont besoin d’être rassurés dans le cadre d’un spectacle, parfois certains, certaines ont la bougeotte et on a plusieurs outils à distribuer, proposer, comme un doudou qui permet d’apaiser les tensions. Il y a aussi des accessoires comme des fidgets, ça permet de canaliser son attention. Des couvertures et des lunettes pour les personnes hypervisuelles qui permettent d’apporter du contraste, et des casques anti-bruit puisque parfois on a besoin d’être dans notre bulle. Vraiment l’idée c’est de les avoir à disposition, et que l’équipe d’accueil le propose au moment opportun, si on sent que c’est nécessaire.

Propos recueillis par Caroline Vo Minh

www.compagnielesbasbleus.com/projects/filles-soie-pour-toutes-et-tous

www.laminoterie-jeunepublic.fr/

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