Strasbourg – Le début d’année au TnS

Petit aperçu des premiers rendez-vous au TnS en ce début d’année 2025, entre classique du répertoire et témoignages d’aujourd’hui, paroles muries patiemment, recueillies précieusement. Des créations où réalité et fiction s’entremêlent pour dire les engagements.

Dans une saison 24-25 où la place est d’abord faite aux écritures contemporaines et aux nouvelles formes, l’adaptation de Dom Juan par David Bobée se détache nécessairement. Il s’agira de la première pièce programmée pour cette nouvelle année 2025, du 8 au 16 janvier.
« Vous pensiez que plus aucun « classique » ne serait jamais présenté au TNS avant 2057 ? » demande d’ailleurs le TNS dirigé depuis 2023 par Caroline Guiela Nguyen. David Bobée qui s’était déjà penché sur Roméo et Juliette, Hamlet, Lucrèce Borgia, entre autres grands personnages du répertoire, reconsidère cette fois le classique de Molière à l’aune de notre époque chaotique. « En relisant Dom Juan, j’ai réalisé que chaque scène qui compose cette pièce représente quelque chose contre lequel je lutte depuis toujours », note le metteur en scène. « Dom Juan est tour à tour classiste, sexiste, glottophobe, dominant… De plus, son anticléricalisme affirmé comme une vérité absolue ne peut qu’entrer en résonance avec notre France contemporaine. » Et le metteur en scène de s’interroger aussi, dans cette adaptation très libre, sur la manière d’aborder le répertoire de nos jours. David Bobée offre de Dom Juan « une lecture politique […] mais qui ne taira pas pour autant les qualités de sa narration ni le fait que ce salaud puisse être un héros. » C’est donc parmi un décor de statues renversées (ou déboulonnées comme le veut l’expression très moderne), cimetière d’anciennes autorités, que ce grand nihiliste de Dom Juan évoluera.

Dom Juan, du 8 au 16 janvier – Photo : Arnaud Bertereau

 

En janvier, on pourra également assister à la première Conversation du dispositif Traverser les ondes, qui évoquera l’hospitalité le 17 janvier à 19h. Pour cette nouveauté de la saison 2024-2025, Le Centre des Récits du TnS vous convie à écouter une émission de radio, réalisée en direct pour croiser des parcours de vies. « Le principe du Centre des Récits c’est d’accompagner les artistes au tout début de leur recherche, et de voir avec eux de quelle parole ils ont besoin pour pouvoir écrire et faire leurs récits », expliquait en juin dernier Caroline Guiela Nguyen lors de la présentation de saison du TnS. Récolter des récits auprès des habitants pour bénéficier, comme le dit encore la directrice, d’ « expertises du réel » dont pourront s’emparer ensuite créateurs et créatrices. « Nos artistes aujourd’hui ont besoin de la parole de l’autre pour construire leurs récits. » Prochainement, ces collections de témoignages pourront aussi être consultées par le grand public, vivier de paroles contemporaines.

Los días afuera, du 3 au 7 février – Photo : Eugenia Kais

 

De recueil de parole, il fut aussi question pour Lola Arias, qui s’est rendue dans la prison de femmes d’Ezeiza dans la province de Buenos Aires. À l’issue d’un atelier de pratique théâtrale, elle a réalisé un film, Reas (Prisonnières), dans lequel quatorze femmes et personnes transgenres nous parlaient de leurs vies en prison. Six de ces protagonistes forment également la troupe amateure d’une pièce de théâtre, interprétant leurs propres rôles pour parler cette fois du retour à la vie sociale, et des conséquences des incarcérations sur leurs proches. Entretiens et improvisations ont abouti à la pièce Los días afuera, l’écriture s’étant effectuée de manière très étroite avec les détenues. Le tout a pris la forme d’une comédie musicale, car en prison le rock et le Voguing permettaient de supporter l’enfermement.

Cécile, du 22 janvier au 1er février – Photo : Mathilda Olmi

Cécile Laporte a, elle aussi, pris pour matière de son dernier spectacle sa propre expérience, ou plutôt ses expériences. Engagements multiples, sincères, hétéroclites. Dans Cécile cette dernière, art-iviste autodidacte, évoque une vie consacrée à des combats : défense des squats, des réfugiés, écologie… Marion Duval met en scène Cécile Laporte, que l’on pourra découvrir du 22 janvier au 1er février au TnS, performance-témoignage sans filtres sur près de 3 heures, croisant autobiographie scénique et théâtre politique.

tns.fr

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