Après les célébrations de sa trentième année, La Filature de Mulhouse est de retour pour un trente-et-unième volet entre théâtre, danse, marionnette, musique, cirque, vidéo, ciné-concert, jeune public… et arts visuels. Neuf disciplines et autant de sigles à découvrir, pour une lisibilité accrue dans la nouvelle plaquette de saison.
Le 27 septembre à 20h on aura le choix. Une ouverture en cinémascope et en musique avec un ciné-concert de l’Orchestre symphonique de Mulhouse sur Le Kid de Charlie Chaplin, ou bien comme c’est désormais la tradition en début de saison, une création, ici en compagnie de Cédric Hanriot qui présentera le volume 2 de son Time is Color (l’opus 1 était sorti en 2022). Le pianiste organiste qui a croisé les chemins de grands noms du jazz (Herbie Hancock, Gregory Porter et tant d’autres), marie son jazz aux musiques urbaines en s’entourant de rappeurs. En bon jazzman qu’il est, il joue avec le temps, et multiplie les couleurs sans jamais perdre son groove.
Les pages du nouveau programme de La Filature défilent et peu à peu, s’esquissent des silhouettes, des thématiques à l’image d’une figure féminine, ou plutôt de figures féminines au pluriel, multiples, diverses, « la parole des femmes s’impose progressivement », note le directeur de la scène nationale, Benoît André, qui a convié un aréopage de créatrices venues d’horizons divers. Chevaucher une mer démontée en compagnie des marionnettes d’Yngvild Aspeli (Moby Dick), affronter les versions non édulcorées du Petit Chaperon rouge en suivant les pas d’Édith Amsellem (J’ai peur quand la nuit sombre), ou explorer les mondes hallucinés du roman À Rebours de Huysmans, c’est ce que nous proposera La Filature à l’occasion de deux nouvelles Nuits de l’Étrange les 30 et 31 octobre.
Cédric Hanriot – Time is Color (volume 2) – Photo : Serge Heimlich
On voyagera cette saison en compagnie de plusieurs chorégraphes, au Bangladesh avec Sue Buckmaster, qui s’inspirera en novembre dans Chotto Desh de l’histoire du chorégraphe Akram Khan, en Afrique du Sud avec Robyn Orlin en février (… alarm clocks…), et jusqu’à l’Amérique des communautés religieuses avec Tero Saarinen en mars, dans le cadre de la Quinzaine de la Danse. La Filature aime aussi entretenir des complicités, tout au long de sa saison, avec des artistes à l’image de Catherine Verlaguet qui a écrit Les Abîmés, mis en scène par Bénédicte Guichardon. La pièce, à retrouver les 31 janvier et 1er février, évoque les violences intrafamiliales. Autre artiste complice, Sylvain Groud, qui nous conviera en mai à son Banquet des merveilles, pièce chorégraphique sur le partage, qui s’est nourrie en particulier de rencontres et d’immersions en centres sociaux, EHPAD, associations de lutte contre les discriminations… Une création définitivement tournée vers l’humain.
– Paul Sobrin –