Arrivée en septembre dernier à la direction du TNS, Caroline Guiela Nguyen présentera à nouveau sa pièce SAIGON qu’elle avait écrite et mise en scène, programmée à Strasbourg en 2018. Œuvre évoquant l’exil, SAIGON nous transporte dans un restaurant vietnamien éponyme pour sonder la mémoire de la (dé)colonisation.
Deux époques s’y côtoient : Saïgon, 1956 et Paris, 1996. Entre ces deux repères temporels, quarante années d’Histoire et surtout d’histoires personnelles. D’un côté, les derniers Vietnamiens contraints de quitter leur mère patrie, et de l’autre l’année 1996, date à partir de laquelle les exilés ont été autorisés à revenir au pays. « [C]ette France qui doit se raconter au-delà de ses propres frontières », comme le souligne la cie Les Hommes Approximatifs, Chaque expérience intime rend une histoire franco-vietnamienne différente, tout comme il n’existe pas une communauté vietnamienne mais plusieurs selon les générations, les parcours. Le restaurant de la pièce est celui de Marie- Antoinette, vietnamienne arrivée en France en 1954. SAIGON marque pour la nouvelle directrice du TNS le passage à un texte contemporain, après avoir porté à la scène plusieurs écrits classiques.
Des mots d’aujourd’hui pour convoquer des « récits qui nous racontent aujourd’hui », comme l’explique Caroline Giuela Nguyen qui a recueilli des témoignages, tant au Vietnam (Hô Chi Minh-Ville) qu’en France (treizième arrondissement de Paris). En sont ressorties différentes facettes du français, créolisé par le vietnamien, ou un français approximatif tel que le parlait la propre grand-mère de la metteuse en scène… Le texte poursuit sa mue sur le plateau et s’inspire aussi des mots des comédiens, de leur manière de manipuler le français, qu’il soit langue maternelle ou non.
– Marc Vincent –
Propos de Caroline Guiela Nguyen recueillis par Francis Cossu pour le 71e Festival d’Avignon.
SAIGON, Strasbourg, TNS, du 19 au 26 mars
https://www.tns.fr/SAIGON