Larousse
En cette fin d’année, Larousse réédite en version luxueuse quelques classiques de la littérature. Aux côtés des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos et de Persuasions de Jane Austen, on trouve une œuvre de jeunesse de Marcel Proust, dont on fête en 2022 le centenaire de la disparition. Paru en 1896, Les plaisirs et les jours est un recueil de nouvelles, portraits et poèmes en prose qui annonce les grands thèmes de l’auteur d’À la recherche du temps perdu.
Marcel Proust nous fait notamment pénétrer dans l’univers mondain de la fin du XIXe siècle, qu’il connait bien pour avoir fréquenté lui-même, fils d’un grand médecin, les salons grand bourgeois et aristocratiques. Dans Les plaisirs et les jours, on croise des vicomtes et des comtesses, des duchesses dont le train de vie ne les met pas à l’abri de la mélancolie et du passage du temps. Alors âgé de 25 ans, Marcel Proust barbotte dans « toute cette eau fraîche de souvenirs », enfances heureuses, figures maternelles et le Temps qu’il faut pourtant se résigner à laisser filer.
On retrouvera sans peine avec cette œuvre de jeunesse, baignée dans un style fin de siècle, le Proust de La Recherche : phrases au long cours, art du portrait qui s’illustre particulièrement dans Un dîner en ville, mais aussi les thèmes du désir, des espoirs déçus et des amours enfuies (Assunta). Ailleurs, Marcel Proust s’approprie les célèbres Bouvard et Pécuchet, les deux personnages greffiers du roman inachevé de Flaubert qui se mettent ici en tête de mener « la vie du monde ». Dans ses portraits d’artistes en vers, les contemporains auteurs de Proust en prennent pour leur grade, le jeune écrivain distillant ses conseils sur la bonne manière de se comporter dans la société parisienne, qu’elle soit bourgeoise ou noble.
Paul Sobrin