À l’occasion du bicentenaire Pasteur, le Musée des beaux-arts de Dole a souhaité réfléchir sur la notion de « prendre soin », une tâche que l’on attribue généralement aux sciences médicales. Mais l’exposition à voir à partir du 14 octobre se tourne aussi du côté des artistes, peintres, sculpteurs, plasticiens qui ont évoqué dans leurs œuvres, de près ou de loin, cette thématique du soin.
80 pièces de courants et d’époques diverses, issues de fonds publics ou privés, vont permettre de balayer le spectre de la thématique du soin. Après le choc mondial qu’a constitué la crise sanitaire du covid-19, l’exposition prend un sens particulier, d’autant que l’on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur. Les artistes se mêlent aux scientifiques, les conservateurs aux médecins, les psychologues aux philosophes. « La médecine et l’art incarnent justement deux techniques du soin », soulignent Alexis Anne-Braun, Sarah Carvallo, Amélie Lavin et Jean-Philippe Pierron, commissaires de l’exposition, « qui répond à un impératif anthropologique face à la détresse: celle qui émaille l’ordinaire de nos vies, celle que nous avons partagée extraordinairement durant la pandémie. »
La découverte de la microbiologie par Louis Pasteur a initié l’ère des vaccins mais aussi la fermentation du pain et du vin, ainsi que toute une nouvelle palette de protocoles, accueil des malades, gestes dédiés pour traiter les patients. « Le dix-neuvième siècle est aussi un moment de rupture entre la médecine et l’art », soulignent encore les commissaires, « conçues comme complémentaires durant l’Antiquité ou la Renaissance à partir d’une analogie entre la santé et la beauté, l’esthétique se trouve désormais assignée à la subjectivité tandis que la médecine rejoint la science. »
L’exposition s’intéresse à des thématiques comme la dimension relationnelle de l’acte de soin ou encore les connaissances scientifiques et médicales. Prendre soin… souhaite aussi relier les arts et les sciences, tout en explorant la dimension du soin. Les œuvres présentées vont notamment retracer l’histoire du soin à travers les siècles, ainsi que la représentation des corps. « Sous quelle forme l’art lui-même devient-il un soin et une pratique réparatrice ? », s’interrogent par ailleurs les commissaires. Cinq sections évoqueront tour à tour diverses figures de soin (religieux, sorciers et autres guérisseurs, médecins…), la représentation du sain et du malade, et le geste guérisseur, là encore à travers un panel allant des rois thaumaturges aux médecins en passant par les sage-femmes. Notons qu’à l’occasion de cette troisième section, certaines œuvres pourront être touchées. Dans une quatrième partie, on découvrira l’œil, celui du médecin, de l’anatomiste, du généticien, un voyage de la surface du corps jusqu’aux mystères de notre ADN, tandis qu’une dernière section nous interrogera sur les rapports entre art et soin : « [L’art] peut-il prendre soin de nous, pouvons-nous prendre soin de l’art ? »
– Dominique Demangeot –
Prendre soin – Restaurer, réparer, de la Renaissance à nos jours, Dole, Musée des beaux-arts, du 14 octobre au 12 mars – facebook.com/museedole