Jean-Baptiste Del Amo – Le fils de l’homme

ROMAN

Gallimard

Parution le 19 août 2021

Un homme retrouve sa compagne et son enfant après six années d’absence. Il les emmène aux Roches, dans une maison où lui-même a vécu en compagnie d’un père rongé par la colère. Alors qu’il s’affaire à remettre en état la vieille bâtisse dans la montagne, la mère et son fils de neuf ans voient peu à peu l’homme succomber à la violence qu’il porte en lui depuis l’enfance. Récit implacable d’un drame annoncé.

Jean-Baptiste Del Amo - Le fils de l'homme - Gallimard - Chronique du livre

Après Règne animal, saga d’une famille paysanne contrainte de s’adapter à une agriculture qui s’industrialise au fil du temps (et rarement pour le meilleur), Jean-Baptiste Del Amo fait une nouvelle fois de la nature et des forces mystérieuses qui la régissent, l’élément central de son roman. Si certains des chapitres se déroulent en huis-clos dans un ancien refuge de bergers, la narration, habile, nous renseigne peu à peu sur le passé du père et ses traumatismes. Les histoires familiales recèlent pas mal de fantômes, à l’image de ce passé douloureux qui semble ronger le père de l’intérieur.

« Il erre aux alentours, obstinément mutique, une Marlboro se consumant au coin des lèvres. »

Le fils de l’homme prend parfois des allures de roman initiatique, l’enfant devant « s’avancer dans la forêt silencieuse » s’il souhaite découvrir plus avant la nature qui l’entoure (l’enferme ?). L’autre grand mystère est ce père qu’il ne connait presque pas mais dont il perçoit les failles. Découverte également de la nature sauvage, la vraie, pas celle reproduite dans nos parc et jardins. Peu importe que l’homme tente de le dompter, le milieu naturel demeure dangereux, voire insondable comme l’illustre ce coin reculé de montagne où « la forêt a repris ses droits ». Le fils de l’homme est aussi un roman terrien, et les personnages ont rarement l’occasion de lever les yeux vers le ciel et s’extraire de leurs existences. Le court passage de l’enfant découvrant la beauté des papillons et des oiseaux en est d’autant plus lumineux. Peu à peu le mystère des origines de cette sourde rage se dévoile, une « colère aveugle, aux raisons mystérieuses à l’enfant ». Que l’on évoque, du point de vue scientifique, l’épigénétique ou, de manière plus mystique, une quelconque malédiction, l’auteur excelle à démontrer cette part de violence qui passe, comme un poison, de génération en génération. Portrait glaçant d’un père fantomatique, semblant parfois accompagné d’un « double maléfique ».


critique livre, famille, jean baptiste del amo, les roches, roman

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera