POP ELECTRO
Columbia
Nous l’avions rencontrée à l’automne dernier, à l’occasion d’une belle mini-tournée électro-acoustique dans le Pays de Montbéliard et le Territoire de Belfort (voir notre reportage plus bas). Silly Boy Blue a poursuivi son bout de chemin, périple aboutissant aujourd’hui à la publication d’un premier album, Breakup Songs, dans la parfaite continuité d’un EP en 2018, But You Will.
Ce premier album distille la même mélancolie, et d’ailleurs le titre Breakup Songs ne ment pas sur la marchandise ! Les douze morceaux relatent des histoires d’amours contrariées, états des lieux post-ruptures, cicatrices et autres stigmates amoureux. La chanteuse, Ana de son vrai nom, que l’on a pu croiser en 2016 au sein du duo Pegase, poursuit ses explorations sonores débutées sur But You Will. Premier constat : le charme opère toujours avec cette musique à mi-chemin entre new-wave et « bedroom pop », musclée – et parfois sublimée – sur Breakup Songs par un méticuleux travail de studio. Hi, It’s Me Again, que l’on avait pu découvrir dès l’été dernier, ouvre le disque, pop cristalline aux arrangements de cordes, qui fait écho à la dernière piste, The Fight, servie ici en version orchestrale sous la direction de la cheffe Uèle Lamore – qui a notamment travaillé avec Daho -, et ajoutant un côté lyrique au morceau.
Si l’on retrouve la douceur inhérente aux mélodies de Silly Boy Blue, l’artiste sait aussi s’affirmer dans ses textes. « Baby I’m not what you signed for », chante-t-elle sur Teenager. Plus loin elle empoigne sa Telecaster noire sur Creepy Girl pour une comptine claire obscure – la fille un peu chelou, c’était elle à l’adolescence ! -. On ne peut omettre de parler du beau travail effectué sur les arrangements vocaux, comme l’illustre notamment Lantern, guitare voix, merveille de schizophrénie vocale où les timbres de Silly Boy Blue s’entremêlent amoureusement.
On se souvient des apparitions de la chanteuse l’été dernier aux côtés d’artistes comme Don Turi – The Two -, et Isaac Delusion – Make It -, deux collaborations plus électro voire dansantes. The Riddle affiche une structure là encore synthétique sur fond de ritournelle au clavier, fruit du travail avec Apollo Noir et Sam Tiba sur ce premier album. Cela permet à Silly Boy Blue de dévoiler un côté plus rugueux avec des morceaux comme le radioheadien Oh Please ou encore 200 Lovesongs (ces chansons qui ramènent immanquablement à l’être aimé jadis), tandis que Goodbye s’avère le morceau le plus (synth)pop de l’album, claviers et programmations très inspirés par les années 80, et un chant qui emprunte aux années 90 et 2000… en bref le titre parfait pour résumer la musique hautement addictive d’Ana !