Le Bruit de la lumière (Anne Carrière)
Parution le 31 août 2018
L’autrice allemande avait été découverte en 2009 grâce à un précédent roman, Le Goût des pépins de pomme, qui avait connu un beau succès en Europe. Katharina Hagena est de retour en France – et fera d’ailleurs spécialement le déplacement à Besançon à l’occasion de Livres dans la Boucle – avec son nouvel ouvrage, étonnant roman à la construction narrative particulièrement complexe.
Le point de départ est en effet une salle d’attente. Dans celle-ci, plusieurs patients venus consulter un neurologue. Parmi eux, la narratrice, qui décide d’inventer des vies à chacun des personnes/personnages présents. Il faut tout d’abord dire que ces derniers, dans l’imaginaire de la narratrice, s’adonnent à de curieuses occupations ! Traquer les sons émis par les aurores boréales, étudier les mousses végétales… Katharina Hagena nous transporte à Yellowknife au Canada, non loin du Pôle Nord. Dans la première histoire qu’elle nous raconte, Daphné tente de retrouver son amie scientifique dont elle est sans nouvelles. Mais il ne s’agit pas de la seule énigme du roman qui, par bien des aspects, prend des allures de polar avec des disparitions, un suicide particulièrement sordide impliquant une mère et sa petite fille – ou serait-ce un meurtre ? -, une usine de production de bitume aux comportements plus que douteux…
Le Bruit de la lumière est aussi l’occasion pour Katharina Hagena d’évoquer le comportement des grandes entreprises industrielles face à l’environnement. Peu à peu, les éléments de l’intrigue se mettent en place, et les connexions s’établissent entre les personnages. Sans en avoir l’air, la narratrice nous emporte dans son récit, et le fait qu’elle s’évertue à brouiller les pistes n’en est que plus troublant. Le Bruit de la lumière s’impose d’ailleurs aussi comme une belle variation autour de la fiction, puisque c’est d’abord le récit qui compte, ce besoin impérieux de dire, raconter, qui est vital. « Si on cesse de raconter, on est mort », confie la narratrice. Et puis les histoires, ça aide aussi à vivre. Quant aux Territoires Nord Ouest du Canada, vastes étendues enneigées et sauvages, ils sont propices à l’introspection. Une fois tournée la dernière page du Bruit de la lumière, l’envie est grande de revenir à la première et refaire ce voyage en compagnie des personnages de Katharina Hagena, pour en découvrir probablement d’autres facettes.
Retrouvez Katharina Hagena au festival Livres dans la Boucle 2018
Article générale sur l’événement : http://www.diversions-magazine.com/grand-besancon-livres-dans-la-boucle-2018-du-14-au-16-septembre-2/