Gauz – Camarade Papa

Retrouvez l’auteur à l’occasion du festival Les Petites Fugues le 25 novembre à 14h30 au CH Louis-Pasteur de Dole, à la Médiathèque Jean Grosjean de Baume-les-Dames le 26 novembre 2019 à 19h, le 27 novembre à 18h30 à la librairie Les Trois Souhaits de Morteau, le 28 novembre à 19h à la librairie La Boîte de Pandore de Lons-le-Saunier, le 29 novembre à la Médiathèque François-Mittérand d’Héricourt à 18h30, et enfin le 30 novembre à 10h30, Médiathèque Les Mots Passants à Saint-Vit

Camarade Papa (Le Nouvel Attila)
Parution le 31 août 2018

Gauz - Camarade PapaGauz, de son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé, né à Abidjan en 1971, est l’auteur d’un premier roman remarqué, Debout-Payé, qui présentait le parcours d’un jeune ivoirien sans papier devenu vigile en France – tiré de la propre expérience de l’auteur -. En septembre 2018 , il revenait en librairie avec Camarade Papa.

Changement d’époque pour ce nouveau roman, qui en compte d’ailleurs deux : la fin du XIXe siècle et les années 80. Gauz entrecroise en effet les destins de deux personnages, l’un européen, l’autre Ivoirien, possédant cependant un lien de parenté. Il y a tout d’abord Dabilly, colon partant pour l’Afrique. Le lecteur le suit de Châteauneuf-près-Châtellerault jusqu’à La Rochelle d’où il gagne le continent africain. Comme la majorité des Européens à l’époque des colonisations, Dabilly est persuadé de son bon droit, « guidé par le génie de sa race, transcendé par le sens du devoir, exalté par le génie supérieur de la civilisation », peut-on lire, quitte à supporter un harassant voyage en bateau, et les rigueurs de l’environnement subsaharien. Dabilly se rend à Grand-Bassam, ancienne capitale de la Côte d’Ivoire entre 1893 et 1900, non loin d’Abidjan, avançant dans le sillage de Marcel Treich-Laplène, premier administrateur de Côte d’Ivoire, chargé d’y établir une colonie. Ce dernier a réellement existé, et Gauz mêle habilement la grande histoire de la colonisation avec les expériences personnelles de Dabilly et de son descendant.

Parlons-en, justement, de cet autre protagoniste, jeune garçon d’origine africaine dont on ne connaît pas l’identité et qui part sur les traces de ses ancêtres en Côte d’Ivoire. D’Amsterdam où il est élevé dans une famille communiste, combattant farouchement les « suppositoires du grand capital », son père – le fameux « Camarade Papa » – l’envoie, le missionne pourrait-on même dire, en Afrique, terre de ses ancêtres et de sa « vraie tribu ». Les passages linguistiquement les plus savoureux, on les trouve dans les chapitres consacrés au jeune garçon. C’est bien l’une des grandes réussites du deuxième roman de Gauz, cette langue particulière qu’il met dans la bouche de son jeune personnage. Pour l’enfant les prostituées sont des « travailleuses du bisou », leurs seins des « bonbons » et l’on goûte avec délectation cette langue toute personnelle surgie d’un univers d’enfant, où la naïveté de ce dernier n’est jamais très éloignée de l’ironie savamment distillée par l’auteur. Mais Gauz n’oublie pas non plus d’évoquer les récits merveilleux qui fondent l’imaginaire ivoirien, riche de 66 ethnies. Des légendes ponctuent ainsi le roman, celles du peuple des Kroumen, ces marins de Côte d’Ivoire. Mais derrière les récits traditionnels, il y a aussi la lutte d’influence, une affaire d’argent entre France et Angleterre pour s’approprier la Côte d’Ivoire et ses richesses. C’est ce double regard, des deux côtés de l’océan, qui fait tout l’intérêt de Camarade papa, ouvrage amplement documenté, au dépaysement garanti, captivant voyage pour une terre de superstitions et d’enjeux économiques entre Europe et Afrique.

 

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