ROMAN
Éditions du Rocher
Dix ans qu’il attend ce moment, des mois qu’il se prépare, s’impose un régime draconien, s’entraîne, ne boit plus une goutte d’alcool, ne se drogue plus. Il est à quelques heures d’entrer sur le plateau de tournage, d’incarner Marcel Cerdan sous la direction de Claude Lelouch. Dans le taxi qui le conduit aux Champs-Élysées, l’acteur pourtant à son firmament vacille, doute…
Le livre de Guépy, entre documentaire et biographie romancée est servi par un travail éditorial de grande qualité : un titre simple et concis, percutant comme un uppercut de Cerdan, et une photographie sublime de Deweare, qui semble toucher au mystère et à la fêlure de cet acteur hors-norme, hors-cadre… Ce texte ne prétend pas expliquer le mystère Deweare, même si parfois, certaines envolées lyriques confinent presque au pathos qu’exécrait ce « fauve ». Force est de reconnaître que le titre est plus que bien choisi, que la personnalité de Deweare semble respectée dans ce discours indirect libre. Malgré tout, le roman (?) n’échappe pas à certains écueils : s’il ne nomme pas certains protagonistes, Guéry leur taille parfois un costard un peu trop grand dans lequel le lecteur peut se trouver empêtré, comme en porte-à-faux. Si l’on connaît un peu le parcours de cet acteur exceptionnel, on ne peut que reconnaître « Mich » le bon copain, dont l’image rayonne encore d’un lustre sans cesse renouvelé et caressé… Ce bon copain qui par amitié (?) lui offrit une carabine, pour rigoler… avant de consoler la femme du fauve si (mal ) aimée. « Le gros », notre monument national qui se voit réduit à un aspect physique qui n’était alors pas celui-ci dans les années 70, 80… Erreur ou parti-pris ?
Deweare était sans nul doute le plus grand, le meilleur acteur de sa génération, ce livre est une occasion de lui rendre hommage, mais l’hommage manque parfois de subtilité, même s’il reste une lecture intéressante et utile à qui veut comprendre ou appréhender l’écorché de « Série noire ».
Lucie Brownie