Si on ne devait parler que des livres que l’on a lus, on serait conduits à se taire bien trop souvent et les critiques des Inrocks seraient au chômage. Depuis l’ouvrage de Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus (Minuit, 2007), on peut même faire le malin en s’appuyant sur l’essai de cet universitaire sans même l’avoir ouvert. Ainsi la boucle est bouclée.
Toute innovation mérite d’être dépassée. Désormais l’important est de parler des livres avant même qu’ils aient commencé à exister, en les louant haut et fort afin qu’ils puissent voir le jour. Et c’est plus que nécessaire quand on sait que Berth n’est pas n’importe qui. En effet, cet homme ne se contente pas de dessiner des zizis, il dessine avec le sien. Ce qui explique son trait épais. À moins que ce soit avec son crâne de chauve… Auquel cas nous saurions qu’il vit sur une réputation usurpée depuis plus de vingt ans. Tout cela, bien entendu, n’enlèverait rien à son talent mais on serait quand même vachement surpris d’apprendre qu’il utilise sa tête pour dessiner. Ses employeurs, qui vont de Siné Mensuel à Mon Quotidien en passant par Spirou, se verraient dans l’obligation de reconsidérer son salaire et le monde entier perdrait ses repères en voyant s’effondrer ce en quoi il avait cru.
Voyons les choses autrement, de manière plus utilitariste et laissons à l’artiste ses secrets de fabrications. Dans ce monde en perdition, il reste une bouée à laquelle s’accrocher : le futur livre de Berth qui avec sa belle couverture cartonnée vous permettra de flotter même au beau milieu du Déluge. Pour cela il suffit de laisser quelques pièces sur le compte Ulule créé à cet occasion : https://fr.ulule.com/profond-berth.
Franchement, la survie à partir de seulement 17 euros, qui est en mesure de proposer mieux ?
Martial Cavatz