Soul
Linear Labs / 2016
L’année passée, Adrian Younge nous redonnait douze nouvelles raisons de mourir aux côtés de Ghostface Killah. En ce début 2016, il revient à des choses plus sensuelles avec le second épisode de ce quelque chose à propos d’April.
L’univers d’Adrian Younge nous devient peu à peu familier. Le producteur et multi-instrumentiste voue un amour sans faille à la soul des années 70, comme lorsqu’il remet en lumière les Delfonics ou en enregistrant la bande-son du film Black Dynamite. Et en effet, toute l’œuvre de Younge porte ce côté cinématographique, qui pourrait aussi bien habiller un film de blaxploitation ou des grandes envolées à la Ennio Moriccone (Sea Motet). Mais Something About April II est plus que ça, c’est un véritable mélange des genres : une soul vintage, une ambiance cinéma et du psychédélisme, le tout porté par une multiplication d’instruments (orgue Hammond, Fender Rhodes, saxo ou encore flûte) et la présence d’invité de marque (Raphael Saadiq, Loren Oden, Bilal et surtout Laetitia Sadier de Stereolab).
On passe donc d’un genre à l’autre sur la galette et si on reprend la liste faite plus haut, cela se traduit par le psychédélisme de la sitar de Winter Is Here, de la soul faite pour un générique de série des 70’s sur Sandrine et on se rapproche du mariage avec le hip-hop avec Psalms et Magic Music qui ne seront pas inconnus à ceux qui connaissent déjà les deux volets de Twelve Reasons To Die. Comme pour chaque production de Younge, des pistes instrumentales viennent ponctuer la tracklist (Sea Motet ou April Sonata avec ses magnifiques chœurs féminins, que pourrait s’empresser de prendre Tarantino pour son prochain film). On est parfois très proche d’un autre producteur de la même veine comme Danger Mouse quand on entend Ready To Love, qui n’aurait pas dénoté si on l’avait trouvé au milieu de Rome. Et le raccourci vers Gainsbourg est facile quand la basse claque sur La Ballade, où Laetitia Sadier se mue en la Bardot lorsqu’elle chante en français.
Nouveau coup de maître d’Adrian Younge. On a vraiment envie de connaitre cette fameuse April, et pas seulement pour ce que dévoile le verso de pochette du disque.
Florian Antunes Pires